Pourquoi le prix des logements pour les jeunes explosent ?

Chaque début d’année scolaire, le même casse-tête revient. Des offres locatives s’envolent en un instant, avec des tarifs toujours plus extravagants. On voit par exemple des 20 m2″ à 1 100 euros mensuels dans la partie nord de la capitale, ou encore un “spacieux studio” de 25 m2 à Lyon pour 1 130 euros chaque mois. Bien que les étudiants prévoient des mois à l’avance, dénicher un appartement n’a jamais été aussi difficile qu’actuellement.

Il n’y a plus aucune option de logement pour les jeunes

« Jusqu’à peu, les jeunes étaient obligés de s’éloigner de plus en plus du centre pour trouver un loyer abordable ; aujourd’hui, il n’existe tout simplement aucune option ». En effet, de nombreux jeunes font appels à des organisations car ils n’ont, à la veille du début des cours, toujours pas de logement.

Le blocage général du marché immobilier, qui a été perceptible durant de nombreux mois, est alimenté par divers éléments. La montée des taux d’intérêt ralentit l’accès à la propriété, les coûts de la construction s’envolent et les terrains disponibles se font rares. Ces impacts affectent particulièrement les groupes vulnérables, y compris les étudiants.

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En ce qui concerne les logements étudiants, les options sont limitées.

Avec seulement 175 000 places, les Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) n'accueillent que 6% des étudiants et 25% des bénéficiaires de bourses. 

Les jeunes sont donc forcés de se tourner vers le secteur locatif privé, où la lutte pour les petits espaces devient toujours plus acharnée.

Nouvelle réglementation et croissance des locations courtes durées

L’interdiction de mettre en location les habitations les plus énergivores depuis le début de l’année 2023 a enlevé un grand nombre de logements qui étaient fréquemment loués par ce public jeune.

S’ajoute à cette problématique la croissance rapide des locations de courte durée, à l’instar d’Airbnb. Ce phénomène détourne un nombre significatif de logements des grands centres urbains et touche maintenant les villes de taille moyenne. Ces logements sont plus lucratifs à louer, en partie à cause des incitations fiscales, ce qui prive davantage les étudiants d’options abordables. De plus, ces types de location échappent aux normes d’efficacité énergétique.

La réglementation tant annoncée par les autorités sur ce type de locations n’est, à ce jour, toujours pas mise en place. La rareté sans précédent de logements met les étudiants en rivalité directe avec des travailleurs. Ces derniers sont souvent considérés par les propriétaires comme des locataires plus fiables et solvables.

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20% des étudiants sous le seuil de pauvreté

Tandis que 20 % des étudiants se trouvent sous le seuil de pauvreté, le coût du logement occupe une part croissante dans leur budget. D’après l’Observatoire de la vie étudiante de 2022, cette dépense représente 60 % de leur budget global. Les étudiants qui travaillent à côté de leurs études, soit 46 % d’entre eux, le font principalement pour couvrir des loyers en constante augmentation.

Les loyers moyens pour les étudiants ont grimpé de 360 à 500 euros par mois entre 2012 et 2020, avec des écarts importants selon les régions. Lyon et Rennes sont particulièrement tendues, avec cinq candidats pour une seule offre.

Comme le met en évidence un rapport sénatorial récent, l’insuffisance des logements étudiants est aussi liée à un manque d’anticipation démographique. 29 000 étudiants supplémentaires se sont inscrits dans l’enseignement supérieur au cours des deux dernières années.

La question du logement étudiant est une priorité gouvernementale

La ministre de l’Enseignement Supérieur, a indiqué que la question du logement étudiant demeure une priorité gouvernementale. Avec une première période quinquennale marquée par une réduction des aides personnalisées au logement (APL), et une promesse de 60 000 nouveaux logements étudiants seulement à moitié tenue, le sujet demeure problématique.

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« L’année dernière, en collaboration avec le ministre du Logement, nous avons initié une mission pour identifier des terrains avec les autorités locales et éliminer les obstacles à la construction », a affirmé la ministre. Dans une interview, elle a atténué les attentes d’un grand plan d’urgence. « Il n’existe pas de solution miracle », a-t-elle souligné, rappelant simplement la création d’une plateforme pour centraliser les informations sur l’accès au logement pour les étudiants.

Karine Langlade
A propos de l'Auteur
Karine Langlade
Karine Langlade est rédactrice passionnée travaillant pour Info-Jeunes. Depuis plusieurs années déjà, elle a mis son talent au service de cet organisme afin d'informer et d'accompagner les jeunes dans leur quotidien. Sa plume dynamique et créative lui permet de transmettre des informations claires et pertinentes sur divers sujets qui touchent la jeunesse.

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